Accueil » Matériel moteur » Vapeur » Locomotive Pinguely Bicabine n° 31

 
 

Locomotive Pinguely Bicabine n° 31

 
SGVA_Pinguely_repro_interdite

Schéma de la locomotive Pinguely 31 - Archive datant de 1955 - Collection SGVA

Fiche Technique :

  • Locomotive à vapeur du type 030 T à voie métrique
  • Année de construction : 1909
  • Chaudière Paponaud (Rive de Gier) n° 1957-2
  • Numéro de fabrication chez Pinguely : 240
  • Nom de baptême : Isère
  • Masse à vide : 22 tonnes
  • Effort de traction : 4508 kg
  • Surface de la grille : 0,84 m²
  • Surface de chauffe du foyer : 4,65 m²
  • Diamètre des roues : 0,90 m
  • Empattement rigide : 2,10 m
  • Longueur hors tampons : 7,60 m
  • Puissance : 280 chevaux‐vapeur
  • Machine bicylindre à simple expansion
  • Chaudière timbrée à 12 kg/cm² comportant 160 tubes
SGVA_plaque_constructeur_Pinguely_31_repro_interdite

Plaque constructeur de la locomotive Pinguely 31 - Collection SGVA

L'histoire de cette locomotive est plutôt mouvementée. Construite par la société lyonnaise Pinguely, en 1909, pour les Tramways Départementaux de l'Isère (TDI) alors exploités par la Compagnie des Chemins de Fer du Sud de la France (SF) pour le compte du département de l'Isère, la 31 est la première unité d'une petite série de quatre locomotives de 22 tonnes. La présence d'une cabine de conduite, à l'avant comme à l'arrière, était destinée à permettre une conduite plus sûre lors des fréquentes traversées en chaussée urbaine tant à Lyon que dans les communes desservies jusqu'à Saint Marcellin. Chacune des deux cabines était ainsi équipée des mêmes commandes pour le mécanicien ; le chauffeur restant bien entendu dans la cabine côté foyer. Cette réversibilité n'imposait pas le retournement de ces locomotives "bicabines" sur des plaques tournantes. 

En 1920, la régie départementale des Voies Ferrées du Dauphiné (VFD) est créée pour réformer le système ferroviaire secondaire du département. L'ancien "Sud France Isère" est évincé et le réseau devient alors celui des "Tramways de l'Ouest du Dauphiné" (TOD). Malgré l'emploi d'autorails dès 1922, les lignes fermeront progressivement, en commençant bien sûr par les sections les plus déficitaires, jusqu'à la suspension de tout trafic en 1937 (section Lyon - Heyrieux encore exploitée en traction vapeur).

Sans emploi, la 31 échappe une première fois au ferraillage lorsque les VFD décident de la transférer au dépôt de Vizille, en 1939, pour assurer les renforts sur la ligne de Bourg-d'Oisans (vallée de la Romanche) comptant de nombreux embranchements industriels. Elle change de numéro et devient alors la 51. En 1941, elle est équipée des organes de frein à air comprimé en usage sur ce réseau. Après la guerre, dans un état médiocre, elle est toujours active mais ne sert quasiment plus qu'aux manœuvres en gare de Vizille-Terrasse. En fin de carrière TOD + VFD, elle a effectué un total de 156 000 km.

Nouvelle affectation en 1947 : la 51 est vendue à la société des Forges de Gueugnon, pour son service intérieur (les Forges de Gueugnon étaient embranchées au réseau CFD de Saône et Loire également à voie métrique). La locomotive est alors envoyée en grande réparation, à Rive de Gier, dans les Etablissements Paponaud. D'après les archives connues, elle y recevra notamment une nouvelle plaque tubulaire côté boîte à fumée et sera transférée à Gueugnon en fin d'année 1948. Utilisée conjointement avec d'autres locomotives de réemploi acquises auprès de diverses compagnies (comme la locomotive Pinguely 103 du Morbihan également sauvée par la SGVA), la 51 prend le nom de baptême "Isère". Bien que désignée comme "machine à refaire entièrement" dans le cahier de suivi des locomotives des forges, en 1953, elle continue à être entretenue et à manœuvrer en complément ou en substitution des autres matériels alors en révision quand vient enfin son tour en... octobre 1955 ! De gros travaux sont alors effectués, une nouvelle fois chez Paponaud, avec notamment le remplacement de son foyer d'origine en cuivre par un foyer en acier. Les années passent et elle continue, en toute discrétion, a accomplir sa mission ingrate : manœuvrer inlassablement des wagonnets chargés de ferraille ou de lingots sur les voies des forges.

SGVA_Guegnon_1966_photo_D.Aubert_reproduction_interdite

La Pinguely « Isère » à Gueugnon – Septembre 1966 – Photo D.Aubert

Sans pouvoir dater précisément cette modification tant esthétique que technique, "Isère" perd sa seconde cabine - et la plupart des commandes dédoublées - pendant ses années d'utilisation industrielle. Toujours active dans les années 1960, plusieurs amateurs connaissent sont existence et la surveillent... à distance !

SGVA_Pinguely_ISERE_Mars_1975_photo_J.Banaudo_repro_interdite

La Pinguely "Isère" manœuvre toujours à Gueugnon - Mars 1975 - Photo J.Banaudo

Progressivement, la vapeur disparaît un peu partout en France et le phénomène s'accélère au début des années 1970. Contre toute-attente, les forges continuent à la maintenir en service jusqu'en... avril 1975 ! De ce fait, "Isère" est la dernière locomotive à vapeur en activité, à voie métrique, sur un réseau industriel (pour mémoire, mais à voie normale, la traction vapeur s'éteindra en juillet 1975 sur la ligne d'intérêt local Etival - Senones et en septembre 1975 sur le réseau national, ligne Troyes - Châtillon-sur-Seine). Mais marquée par des années de service intensif, les agents des forges iront même jusqu'à rajouter un "M" devant sa plaque de baptême... ce qui en dit long sur son état général !

SGVA_Pinguely_MISERE_Gueugnon_Mars_1975_photo_J.Banaudo_repro_interdite

La Pinguely "Isère" est devenue "M-Isère" - Gueugnon - Mars 1975 - Photo J.Banaudo

Des membres de la SGVA interviennent rapidement et, avec l'aide de la Fédération des Amis des Chemins de fer Secondaires (FACS), sauvent in extremis cette rescapée de la ferraille. Alors expédiée aux ateliers de Gray, en Haute-Saône, elle subit une cure de rajeunissement bien nécessaire ! Lorsqu'elle arrive à Tournon en janvier 1978, elle a même retrouvé sa seconde cabine. Elle reçoit alors les organes de frein à vide et commence une douce retraite "touristique".

SGVA_Pinguely_ISERE_Tournon_Mars_1978_photo_L.Manoha_repro_interdite

La Bicabine sortant de révision - Tournon - Mars 1978 - Photo L.Manoha

Sa puissance, inférieure aux autres locomotives en service sur la ligne Tournon - Lamastre, limitera son utilisation à la traction de trains légers ou limités aux gares intermédiaires de la ligne.

SGVA_Bicabine_Avril-2001_photo_P.Geranton_repro_interdite

Au petit matin, la Bicabine emmène 300 randonneurs à Boucieu-le-Roi - Mordane - Avril 2001 - Photo P.Géranton

En novembre 1993, la 31 est classée "Monument Historique". Active jusqu'en 2006, la 31 a parcouru 8 800 km en Ardèche souvent pour des trajets partiels limités à Colombier-le-Vieux ou Boucieu-le-Roi, affrétés en particulier par des croisiéristes naviguant sur le Rhône, ou pour des trains spéciaux comme ceux des journées du patrimoine. Il est essentiel d’ajouter qu’elle a servi également pour de nombreux "stages vapeur" d'initiation à la technique et à la conduite, dont la SGVA était organisatrice en collaboration avec le chemin de fer du Vivarais.

SGVA_Pinguely_ISERE_Colombier_Juin_2000_photo_V.Piotti_repro_interdite

La Pinguely 31 "Isère" marque l'arrêt à Colombier-le-Vieux - Juin 2000 - Photo V.Piotti

Aujourd'hui, la 31 nécessite à nouveau des travaux de chaudière. La SGVA compte bien redonner vie à cette locomotive, en permettant à des passionnés ou des personnes plus modestement intéressées par les techniques anciennes de pouvoir approcher un tel condensé de mécanique et de sciences qu'est une machine à vapeur ! Ce projet, susceptible de vous plaire, ne se fera pas sans une aide extérieure à la seule association SGVA. Des démarches ont été engagées auprès de la DRAC, de la Fondation du Patrimoine, de mécènes privés et le financement est presque bouclé ! Vous aussi vous pouvez venir nous aider sur le terrain et/ou faire un don.

SGVA_Pinguely_Juin_2006_photo_V.Piotti_repro_interdite

La Bicabine en tête d'un train supplémentaire à destination de Lamastre - Tournon - Juin 2006 - Photo V.Piotti

En 2017, le démontage de la locomotive a été réalisé par les bénévoles afin de désolidariser la chaudière du châssis.

SGVA_Bicabine_10-05-2017_photo_v.piotti_repro_interdite

Démontage de la locomotive - 10/05/2017 - Photo V.Piotti

Actuellement en Angleterre, la chaudière doit être reconstruite à l'identique. Le châssis et la mécanique seront révisés en parallèle en France.

SGVA_locomotive-31_Septembre-2017_repro_interdite

Châssis nu - 14/09/2017 - Photo V.Piotti

Après démontage complet des timoneries, commandes et embiellages, les essieux ont été extraits du châssis. Ce dernier repose provisoirement sur des lorrys.

SGVA_bicabine-31_08-2018_photo_v.piotti_repro-interdite

Sablage du châssis - Août 2018 - Photo V.Piotti

SGVA_bicabine-31_09-2018_photo_v.piotti_repro-interdite

Recherche de fissures éventuelles par ressuage - Septembre 2018 - Photo V.Piotti

SGVA_essieux-bicabine-31_09-2018_photo_v.piotti_repro-interdite

Contrôle aux ultrasons des axes d'essieux - Septembre 2018 - Photo V.Piotti

SGVA_bicabine-31_septembre-2019_photo_a.noel_repro-interdite

Châssis entièrement repeint - Septembre 2019 - Photo A.Noël

SGVA_cendrier-Bicabine_Boucieu_mars-2020_coll.SGVA_repro_interdite

Réfection du cendrier - Mars 2020 - Collection SGVA

.

Tags: , , , , , ,