Hommage à Pierre Virot
Pierre Virot s’est éteint le mardi 5 novembre 2013. Avec lui disparaît l’un des plus anciens et des plus actifs pionniers de la sauvegarde des chemins de fer secondaires, et de la formidable épopée des réseaux touristiques dont le célèbre Vivarais. Son père, Adrien Virot, était ingénieur voie et bâtiment au PLM. Lui se passionna pour les tramways et par ce biais rencontra Messieurs Gondin et Arrivetz. Modéliste dès l'âge de 15 ans, il exposait ses maquettes à l'échelle 1/43ème ; il rencontra ainsi Emile Serre, lui-même modéliste.
A la fin des années 50, alors que la fermeture des lignes bat son plein, est créée une association, le « Groupement Auxiliaire des Exploitations Ferroviaires » (GAEF) qui se mute dès 1958 en société anonyme, présidée par Pierre Virot. On relève déjà dans l’équipe les noms de Messieurs Cicéron, Collardeau, Cottez, Creuzet, Gondin et Ricaud. L’objet est de sauver de la fermeture des lignes menacées, telles que Montereau-Egreville, Morez-La Cure et Annemasse-Sixt. Pour cette dernière, moderne et magnifique, des membres bénévoles ont aidé à l’exploitation lors de l’été 1958 et diffusé dans toutes la France des documents publicitaires, dépliants et affiches, et un projet d’exploitation directe fut envisagé. Hélas, le cours des événements ne put être inversé. Mais historiquement, cette première tentative marque le début de l’intervention des amateurs dans l’exploitation d’un chemin de fer menacé de fermeture en France.
Le « Chemin de Fer Touristique de Meyzieu » (CFTM) fut fondé en 1960, par Jean Arrivetz. L’exploitation débute le 7 avril 1962 entre « Le Carreau » et « Le Grand Large ». Lorsque le CFTM évolue en société anonyme, en 1965, les documents mentionnent dans l’équipe les noms de Messieurs Connétable, Creuzet, Gondin, Monternier, Paillard, Pérenon, Potel, Rossi et Virot.
La suite est mieux connue avec la reprise du Vivarais en 1969. La convention avec l’Etat fut signée le 31 mai 1969 et l'association « Sauvegarde et Gestion de Véhicules Anciens » créée le 18 juin 1969 ; le premier train à vapeur circula le 22 juin. Pour l’anecdote, le sigle SGVA voulait aussi dire « Serre, Gondin, Virot, Arrivetz », les piliers du sauvetage de Tournon-Lamastre.
Il faut aussi citer dans les actions du CFTM (devenu « Chemins de fer Touristiques et de Montagne » dont Pierre Virot fut le directeur jusqu’à la fusion avec la SAEML le 1er janvier 2004) la reprise du Funiculaire de Saint Hilaire du Touvet en 1973, avec pour conséquence le développement du vol libre dans cette station. Son succès permit dès 1977 le transfert de sa gestion à la Municipalité qui l’exploite toujours aujourd’hui.
Côté professionnel, Pierre Virot était un architecte de talent et fut jusqu’à son dernier jour actif en tant qu’expert judiciaire.
Son activité était débordante, n’hésitant pas à s’associer à la tâche en plus de la gestion du Vivarais. On l’aperçoit ici à Lamastre (à droite) lors du plein d’eau de la 230 E 327, le 28 novembre 1970, à l’occasion de sa première marche d’essai en ligne depuis son arrivée du Réseau Breton.
L’association SGVA lui doit beaucoup. L'installation de la SGVA à Boucieu a été voulue par Pierre Virot, juste avant le 30ème anniversaire lorsque l’avenir du CFTM devenait incertain face aux lourds investissements qui s’annonçaient. Il nous garantissait ainsi un lieu de vie et de travail quel que soit l'exploitant futur. Et le futur nous l'a prouvé ; sans cela, 2008 aurait marqué sans aucun doute la fin de la SGVA. Il a aussi permis à la SGVA de définir son patrimoine propre pour les mêmes raisons ; jusqu'en 1997-98, personne ne se préoccupait de savoir à qui appartenait le matériel préservé en Vivarais.
Il avait fallu trente ans pour que la SGVA s'émancipe un peu et Pierre Virot a joué un rôle clé dans cette évolution qui a permis à la SGVA de survivre au CFTM.
Pour tout ce que tu as fait pour le chemin de fer en général et la SGVA en particulier : Merci Pierre Virot.
Nous te dédions symboliquement cet edelweiss qui illustra l’affiche éditée par le GAEF pour sauver Annemasse-Samoëns-Sixt, ton premier combat.