Des voies étroites en Vivarais
La loi Migneret apparue en 1865 et autorisant les départements à concéder des cf « économiques » sur leur territoire ne marquera pas l’Ardèche ; il faudra attendre une nouvelle loi en 1871 autorisant les départements à prévoir des liaisons interdépartementales. Cette loi va donner naissance à un projet ambitieux devant déboucher sur un réseau encerclant l’Ardèche et développant ses lignes d’Aubenas au Puy, de La-Voûlte-sur-Rhône à la vallée de la Loire et de Tournon au Cheylard. Ce réseau fut envisagé selon le système Fell (le conseil général de l'Ardèche a même reconnu ce réseau d’utilité publique le 17 août 1872) mais il ne sera pas mis en œuvre faute de moyens financiers à la hauteur et il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Léon Gambetta en 1877 pour que le contexte général devienne favorable à l'essort de nouvelles lignes.
Le ministre des travaux publics de l’époque, Charles de Freycinet, présente un plan de construction de 11 000 kms de voies ferrées dites "d’intérêt général" dans le but de relier les grandes lignes existantes et de desservir les chefs-lieux de canton. Ainsi apparaissent les réseaux secondaires. Parmi ces 11 000 kms sont comptés les lignes de La-Voûlte-sur-Rhône à Yssingeaux par Le Cheylard avec une antenne vers Tournon et une connexion sur la grande ligne du Puy à St Etienne. Ce réseau, défini dans un ensemble de 161 kms, est validé le 17 juillet 1879.
Compte-tenu du temps nécessaire aux études et à la recherche d’un concessionnaire pour ce réseau, les travaux ne débutent réellement qu’en 1886. Le concessionnaire choisi est la compagnie CFD, à capitaux belges, liée à l’Etat par une convention pour l’exploitation pour 100 ans.
Pour des raisons financières, le réseau dit du Vivarais va se construire en plusieurs étapes. Dès le début, il apparaît que la voie normale (écartement 1435 mm) nécessitera des travaux trop coûteux pour insérer ce réseau dans le relief ardéchois, et l’écartement d’un mètre est choisi pour ses rayons de courbures plus faibles nécessitant moins d’ouvrages d’art.
Nous parlerons d’abord du premier réseau composé alors des 3 lignes disctinctes :
- La Voûte sur Loire - Yssingeaux (en Haute Loire)
- Tournon - Lamastre
- La Voûlte sur Rhône - Le Cheylard
Ces 3 lignes, déclarées d’utilité publique le 27 juillet 1886, sont construites dés que les dernières acquisitions foncières ont lieu, et nécessitent plus de 1000 hommes pour construire ponts, viaducs, murs de soutènement, tunnels, gares, et enfin pose des voies.
Du matériel est commandé à divers constructeurs (locomotives 130 et 020+020, voitures, wagons etc …) de sorte que les ouvertures interviennent respectivement :
- La Voûte sur Loire - Yssingeaux le 9 novembre 1890
- Tournon - Lamastre le 1 juillet 1891
- La Voûlte sur Rhône - Le Cheylard le 10 septembre 1891
Le service propose alors 3 trains quotidiens de bout en bout sur chaque ligne mais cela s'avère très vite insuffisant. Progressivement, du matériel supplémentaire est livré pour renforcer les sections existantes et bientôt équiper le second réseau (prolongement des lignes primitives pour les relier entre elles) :
- Le Cheylard - Yssingeaux par St Agrève et Raucoules Brossettes avec antenne vers Dunières
- Lamastre - Le Cheylard
Le réseau du Vivarais, atteignant alors 201 kms de voies métriques, sera en plein essor jusqu’en 1914 comme le montrent les chiffres suivants :
- 244 791 voyageurs en 1897
- 485 038 voyageurs en 1903
- 663 714 voyageurs en 1913
A ce stade 380 agents sont employés sur tout le réseau.